Guadalupe – 21 ans, originaire de Veracruz (Mexique)
photo de Nadja Massun pour MdM
Guadalupe a dansé pendant trois ans dans les cabarets de Veracruz. Elle avait 17 ans quand sa cousine l’a emmenée la première fois. Elle lui a appris, entre autres, à mettre des préservatifs féminins parce que « les hommes peuvent êtres des sauvages ». Un jour, il y a eu des coups de feu dans la rue, elle a pris peur et a suivi un homme qui lui a proposé de l’accompagner chez lui, pas très loin, à la campagne. Elle est restée pendant un mois sans savoir comment sortir de cet endroit, elle n’avait aucune idée d’où elle était. « Il n’était pas un méchant, il ne me voulait pas de mal mais j’ai quand même eu peur, il y avait des armes, il m’a demandé d’apprendre à m’en servir». Il voulait l’épouser mais elle avait un petit ami et a refusé. L’homme a accepté de la ramener chez elle… ce jour-là toute sa famille à lui a été assassinée dans la maison qu’ils venaient de quitter.
Deux amies lui ont alors proposé de travailler dans un établissement de luxe, très bien payé… (1 000 pesos par jour). Là encore elle a refusé parce qu’il n’y avait « aucune limite dans les pratiques sexuelles, qu’il fallait tout accepter sans aucun suivi sanitaire. Les femmes signent un contrat de 5 ans et ne peuvent pas quitter le lieu. Elles ont entre 16 et 25 ans parce qu’après, le corps, trop malmené, n’est plus attrayant. » Sur les deux copines, l’une a disparu et l’autre est tombée très malade.
Aujourd’hui Guadalupe s’est installée à Tapachula avec David, son compagnon, avec qui elle partage une « jolie relation stable ». Ensemble, ils ont eu Octavio, petit garçon de 3 ans. Elle travaille dans une boulangerie car les horaires sont compatibles avec sa vie de mère de famille. C’est par une voisine qu’elle a entendu parler de MdM. Devenir promotrice de santé a été une évidence naturelle : à Vera Cruz, elle a vu beaucoup de femmes ne pas se protéger. Quand elle voit l’état de son amie se détériorer à grande vitesse… elle n’a pas envie que cela arrive à d’autres.
Guadalupe anime des ateliers dans les bars. Elle explique la nécessité du dépistage des maladies sexuellement transmissibles avant de proposer les tests. « C’est important de savoir si on est séropositif, parce que même si ça ne se guérit pas on peut se soigner et avoir une bonne vie. » Sur la contraception aussi, les femmes doivent apprendre à ne pas se mettre en danger. « Avoir des enfants coûte très cher. Il faut les nourrir, les habiller, les éduquer, les marier…»