Expliquer leurs droits aux nouvelles arrivées est indispensable à cause de la violence du racisme ambiant

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Glenda – 42 ans, originaire du Honduras
photo de Nadja Massun pour MdM

A 29 ans Glenda travaillait à la chaîne pour une entreprise américaine au Honduras. L’usine a fermé, elle a été licenciée du jour au lendemain : le choc a été rude. « Tous mes rêves ont été brisés… » Compte tenu du marasme économique, on lui a conseillé d’aller chercher du travail au Mexique. Elle a traversé la frontière sur un radeau, sous le pont, elle s’est présentée un peu partout dans les restaurants et boutiques pour offrir ses services mais, sans papiers, personne n’a voulu l’embaucher. Elle a alors été contrainte de travailler dans un bar pour subvenir à ses besoins et pour envoyer de l’argent à toute sa famille restée au Honduras. « C’est un métier vraiment dangereux, les clients boivent et sont vite agressifs. » Elle considère qu’elle a eu beaucoup de chance, que c’est grâce à l’entraide des migrantes qu’elle s’en est sortie intacte.

A 42 ans, Glenda est aujourd’hui une femme au foyer heureuse qui ne sert plus dans les bars. Elle partage la vie de son compagnon depuis 9 ans, ils ont une petite fille. Cet homme la respecte et lui fait du bien. Elle ne tient pas à travailler, elle l’aide parfois à vendre des taquitos. Elle consacre le reste de son temps à son activité de promotrice pour MdM. Son mari l’y encourage fortement car il la voit prendre confiance en elle et s’épanouir. Certes elle est pressée d’obtenir ses papiers pour enfin bénéficier de tous ses droits mais elle ne souhaite pas changer de vie.

Glenda a croisé MdM lors des séances de dépistages « hygiéniques et gratuits » dans son quartier. Elle a immédiatement eu envie de s’impliquer… pour les autres et pour elle-même. Elle est très impressionnée par la force de certaines femmes dont elle admire la manière de se défendre. Grâce au travail avec MdM elle a appris à se faire respecter. « C’est très important d’expliquer leurs droits aux nouvelles arrivées à cause de la violence du racisme ambiant et des graves discriminations auxquelles on assiste tous les jours. »

Quand on lui demande ce qu’elle ressent, Glenda fond en larmes, se reprend très vite et s’excuse de sa sensibilité … elle se sent si impuissante de ne pouvoir aider plus les femmes qui se font frapper et humilier par des proxénètes. Même si son logement est plus que rudimentaire, elle culpabilise presque d’avoir un toit en pensant à toutes celles qui sont dans la rue. Voir des femmes se résigner à des situations inhumaines la désespère. Son espoir est nourri par la maturité que le groupe de promotrices est en train de gagner. En prenant de l’assurance, les femmes se défendront de mieux en mieux. « Le Mexique ne doit pas être une fin mais au contraire la seconde chance. »

 

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