La situation est dramatique ici, c’est notre devoir de lutter contre les naissances non désirées

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Raquel – 29 ans, originaire du Nicaragua
photo de Nadja Massun pour MdM

Raquel n’avait pas encore 20 ans quand elle a dû partir toute seule au Guatemala, laissant avec déchirement son tout jeune fils au Nicaragua. Elle y a travaillé pour la première fois dans un bar en tant que serveuse. Rapidement, elle a compris que pour se faire un peu d’argent il fallait avoir des rapports sexuels. Très autonome, elle n’a jamais intégré aucun groupe ni dépendu de personne… « À la mort ou à la mort ! »

Elle a réellement pris conscience du danger qu’elle courait lorsqu’on lui a tiré dessus un soir et qu’elle a dû être hospitalisée pendant deux mois. Peu de temps après, une dispute avec une collègue et amie a dégénéré, Raquel a tout lâché sur un coup de tête en montant dans le premier camion pour passer la frontière. Arrivée vers minuit, elle a été orientée vers un bar où elle est restée quelque temps mais qui s’est avéré être, lui aussi, très dangereux. Elle allait parfois à Tapachula pour faire du shopping avec des copines, elle s’y sentait bien et s’y est installée. Elle y a rencontré le père de Genesis, sa fille de 3 ans. Son projet est d’ouvrir un restaurant de cuisine nicaraguayenne avec son cousin.    

La violence de son parcours a donné à Raquel l’envie d’aider les femmes confrontées à des situations similaires. Au Mexique, « la migration est plus dangereuse que la prostitution à cause de l’impossibilité de bouger, de la pression des autorités et des fermetures intempestives de bars ». Les femmes qui se prostituent dans la rue sont contraintes de prendre des risques qui la révoltent : le manque de clients selon la météo, les maladies sexuellement transmissibles, l’absence de contraception. « Cette semaine j’ai vu une femme enceinte de 4 mois après avoir accouché par césarienne ! » Sans compter celles qui peuvent disparaître sans que personne ne s’en rende compte. Triste ironie du sort : « Dans la rue tous les risques sont décuplés alors que les femmes qui y travaillent sont justement les plus faibles et désemparées. »

En 2010 Raquel travaillait à Las Morenitas où MdM proposait ses premiers ateliers de prévention. De sa propre initiative, elle a entrepris d’informer ses amies et ses collègues, les a orientées, les a mobilisées… La première promotrice était née.

« Aujourd’hui, au XXIe siècle on ne peut laisser personne décider à sa place. On peut choisir pour les enfants mais pas pour une personne adulte. Il faut nous écouter parce que nous sommes des femmes qui soutenons d’autres femmes, tout simplement. Nous avons des enfants alors que la situation est dramatique ici. C’est notre devoir de proposer des traitements contraceptifs pour éviter les naissances non désirées dans ces conditions. »

 

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