« Ce n’est pas la Turquie qui va réaliser mes rêves »

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Photo issue du webdocumentaire Les voyageurs

Ibrahim D., Sénégalais

Je viens du centre du Sénégal, j’y avais un petit commerce. J’ai une femme, deux gosses. La situation n’était pas facile. Et la situation ici n’est pas terrible non plus, finalement : un an sans voir ta femme et les enfants, c’est très long ! Mais ils sont tolérants avec ce que je fais.

Au bout d’un mois, quand je suis arrivé ici, mon visa a expiré. Je n’ai jamais été arrêté par la police, ça m’a beaucoup étonné. Il y a deux mois, on a eu la possibilité d’avoir des papiers. On est libre ici : on est libre de pouvoir repartir au pays et de revenir en Turquie, mais c’est hypocrite, parce qu’à chaque fois que l’on revient ici, on doit repayer pour avoir le permis de séjour. Un document qui ne te donne pas le droit de travailler, ce n’est pas un document !

Ma famille est au courant de tout. Je ne leur cache rien. Je vends des montres en cachette. Ici, la vie est chère. Juste de quoi vivre, j’ai donc du mal à envoyer de l’argent à la fin du mois. Je ne le cache pas. Quand on ne dit pas la vérité à la famille, cela pose ensuite beaucoup de problèmes. Au moins, ils savent à quoi s’attendre.

Pour le logement, ici, c’est pas facile. Vous êtes dans un immeuble et les gens vous accusent d’être responsable des mauvaises odeurs, du fait que vous parlez trop fort. Vous les gênez : j’ai changé quatre fois d’appartement en un an. Maintenant, on est 4 dans l’appartement, et on paie 900 liras [environ 300 euros] en tout.

Il est difficile d’avoir confiance dans les gens qu’on rencontre ici : on ne les connaissait pas d’avant, au pays. Si j’ai un problème sérieux, j’en parle à ma mère, à mon grand-père, à ma femme. J’attends de voir ce qu’ils me conseillent. Ici, sinon, je discute avec ma propre conscience.

Au Sénégal, je vendais du prêt-à-porter, des habits. Je voudrais continuer le commerce. Ici d’ailleurs, c’est un pays pour faire du commerce, pas pour vivre. Quand je quitte la Turquie, je n’y reviens plus. Ici, il y a quelque chose qui me manque.

J’ai deux filles, de 3 et 6 ans.

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