Le dessin au service de la réduction des risques

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Mung Kawng est membre de l’équipe de Médecins du Monde à Myitkyina. D’abord travailleur pair, garde de sécurité, puis formateur, ce dessinateur hors pair a gravi les échelons et a évolué au sein du programme de réduction des risques développé sur place, en mettant son art au service de l’association et de ses bénéficiaires.

Passionné par le dessin depuis son plus jeune âge, Mung Kawng remporte sa première compétition avec son illustration du fleuve birman Irrawaddy situé au nord de Myitkyina, à l’endroit où les fleuves Mali et Nmai se rejoignent pour n’en former qu’un, qu’il effectue de tête. Il tente à présent de diversifier sa pratique à travers différents procédés tels que le crayon, la gouache ou la peinture.

J’ai intégré MdM en tant que travailleur pair en 2012 afin de faire le lien entre les usagers de drogues de mon quartier et les éducateurs de l’association. 

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J’ai commencé en réalisant quelques dessins pour l’équipe : il s’agissait de supports pour communiquer sur les actions de MdM, dans le cadre du programme de réductions des risques auprès des consommateurs de drogues. Le superviseur a été impressionné par mon travail et m’a proposé de faire d’autres illustrations. J’ai eu l’occasion de travailler sur des projets très différents au cours de cette première expérience. J’ai également réalisé des affiches préventives à destination des usagers pour indiquer les zones corporelles à moindre risque pour les injections. Ou encore, des dessins décrivant les symptômes des overdoses pour communiquer avec le reste de la population. J’essaye de varier les supports en imaginant de petits scénarios, humoristiques ou caricaturaux. 

Mon travail permet de sensibiliser aux bonnes pratiques. Le dessin est un outil de communication qui parle à tout le monde et transmet des idées. Ce que les mots ne peuvent pas dire, l’art le retranscrit – surtout quand il s’agit de sujets sensibles.

L’année dernière, j’ai suivi des formations pour devenir formateur à Myitkyina et à Yangon pour apporter du contenu à mes dessins, et transmettre les bonnes informations de façon plus pédagogique.

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C’est assez déroutant de se retrouver de nouveau sur les bancs, à apprendre, surtout parce que j’aborde des notions médicales qui m’étaient jusque-là inconnues. Au cours des formations, il y aussi des docteurs et des personnes plus âgées qui ont de l’expérience dans ce domaine ; c’est parfois difficile de suivre. J’essaie d’étudier chez moi pour compléter l’apprentissage, mais c’est frustrant d’être en décalage avec les autres. Il faut assimiler des informations portant sur des contextes d’intervention spécifiques. Ce n’est pas évident au début.

Mais quand je dispense les formations, je suis à l’aise. A l’aide de mes dessins, j’ai formé des usagers de drogues à la réduction des risques, puis des travailleurs pairs. A présent, j’interviens aussi devant des infirmières et des éducateurs. Ma dernière formation portait sur la prise en charge des overdoses. C’est difficile au début de parler devant un public, mais cela s’apprend.

Aujourd’hui, je continue mes activités de sécurité au sein des bureaux de MdM, en parallèle de ma formation. 

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C’est le média dessin qui me plaît particulièrement, plus que le fait d’enseigner. Je suis fier de mon parcours, fier de l’utilité et des connaissances que peuvent apporter mes dessins. J’aimerais améliorer mon art, travailler davantage avec les mélanges de couleurs par exemple.

Plus jeune, je suis allé dans les montagnes à Hpakant, où se trouvent les mines de jade. L’endroit était fascinant et très stimulant pour le dessin. Je voudrais pouvoir faire la même chose partout en Birmanie ; dessiner les endroits les plus extraordinaires de mon pays. Mais pour l’instant, ma priorité est de continuer mon travail à Myitkyina, près de mes proches. 

 

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