A la recherche du temps à perdre

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Donner du temps au temps…

Il n’y a pas longtemps, j’ai décidé de « jouer avec MdM », avec l’enthousiasme de la novice, impressionnée par la ruche joyeuse, séduite par tant d’implication sérieuse, déstabilisée (un peu) par la complexité en l’absence d’écolage (notez : sur le tas, cela marche aussi, mais cela prend plus de temps). Je nous invite à un chemin de travers, comme un chemin des écoliers.

Décor de ce billet d’humeur : un effroi lancinant de me sentir happée dans un monde en expansion, ou en compression (je m’en fiche), dans lequel il faut, pour ne pas être largué, laissé pour compte, distancié, irrécupérable, mis sur orbite, faire de plus en plus (d’actes, de gestes, de prestations, de diversification) ; de plus en plus vite (pour penser, commencer, exécuter et terminer) ; tout de suite (ou pour hier si possible, c’est encore mieux) ; beaucoup (en nombre d’actes, en résultats copieux et mesurables).

Le temps nous colle à la peau à « l’insu de notre consentement éclairé ». Il est un indéfectible compagnon invisible (comme les odeurs et la musique), à la fois implacablement réel et immatériel. Sournoisement, il ne nous lâche pas d’une semelle, le fourbe. Il nous envahit de mille manières, de préférence dans le désordre, de façon telle que le fil conducteur nous échappe. Est-ce pour cela que l’école buissonnière nous arrange si bien ?

MdM grandit vite : on n’a même pas le temps d’en voir la croissance. Ce n’est pas de sa faute. Situations d’urgence et accélération des bascules historiques obligent. Avec de gros risques : la digestion demande du temps, même sans sieste. Le navire est solide, arrimé à ses nobles (le mot n’a rien d’ironique !) positions et convictions ; apte enfin à se poser collectivement quelques questions bienfaisantes pour son développement durable, et pour le soin (cure) à apporter à « la bonne vie » de ses membres. Questions qui mettent au centre les personnes concernées/ciblées et le poids des contraintes incontournables (bel euphémisme dans sa désespérance !). MdM est toujours aux prises simultanément avec les urgences et le long terme, l’immédiat et la permanence, tous piliers impérieux de l’intention et de l’espoir de bien faire.

Alors, de temps à autre, chiper quelques instants, pour une respiration, un zoom arrière : Que fais-je de mon temps ? Qu’y mets-je, et est-ce bien ce que je voulais ? Ai-je l’envie, les moyens, le pouvoir d’infléchir mon emploi du temps ? Et pour quoi ? Puis-je le faire mien ce fichu temps (l’infléchir, me l’approprier, le maîtriser) ? Au sens de la « bonne vie » pour l’autre, les autres ?

Vous avez vu ? Pas d’évocation des variations culturelles des conceptions du temps : temps circulaire, linéaire que côtoient en permanence les intervenants de MdM.

Pas de citation savante non plus : pas le temps !

 

Madeline Moulin, bénévole chez MdM Belgique

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