Pour créer des liens il faut être très régulier

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Edmond Wolf, médecin généraliste de formation à MdM sur la mission squat depuis près de 8 ans, a, il y a peu, décidé de quitter MdM pour des raisons de santé dans sa famille.

 

Comment avez-vous connu MdM ? Que faisiez-vous avant ?

J’étais médecin généraliste dans le vieux Lyon, mais j’avais déjà découvert MdM auparavant. J’ai eu un professeur de médecine qui une fois arrivé à la retraite s’était engagé à MdM, et qui avait adoré cela. Il y en a à la retraite qui ont envie de faire des choses complètement différentes, moi j’étais bien dans ce travail et j’avais envie de continuer là-dedans. C’est donc comme ça que je me suis engagé à MdM.

 

Quel rôle avez-vous joué à MdM ? Quel a été votre parcours ?

Quand je suis arrivé à MdM on m’a demandé si j’étais d’accord pour faire des visites sur le terrain. J’ai accepté et ainsi, je n’ai fait que des squats, je n’ai jamais été en consultation au CASO. J’ai dû faire une douzaine de squat différents, sachant que certains ont duré quelques mois et d’autres près d’un an et demi. Quand j’étais sur des petits squats je pouvais suivre plusieurs squats en même temps. Mais petit à petit je suis allé  vers des plus grands squats. C’est plus dur, les personnes sont plus tendues, peu solidaires, c’est un climat plus difficile, et on est sollicité de tous les côtés. On devait même se répartir des zones de visites dans le squat sinon on n’arrivait pas à en faire le tour.
Mais j’ai aussi remarqué qu’au fil des années les conditions de vies semblent devenir plus dures pour les Roms. Il y a plus de tensions.

Quel sens avez-vous donné à votre action au sein de MdM ? Qu’est-ce que cela vous apporté ?

Mon engagement était d’apporter l’aide que je pouvais, avec ma compétence à des personnes en difficulté. Les personnes avec qui j’ai travaillé à MdM, et moi-même, avons voulu rendre service aux autres. Parce qu’ on n’est pas indifférents à leurs conditions difficiles.
Cela m’a permis de connaitre les roms de près, de mieux comprendre leurs situations, parce que je les voyais dans la rue mais… Maintenant j’en connais un certain nombre que je croise dans la rue (rire), et puis ceux que je ne connais pas, je fais connaissance avec eux. Ça m’a donc certainement apporté une plus grande ouverture d’esprit, en tout cas par rapport aux Roms que je ne connaissais pas.

 

Êtes-vous engagé dans d’autres associations ?

Je continue ailleurs, dans une autre association, où je fais des certificats pour les demandeurs d’asiles. Cela s’appelle maintenant « médecine et droit d’asile », cela s’appelait avant « droit et éthique de la santé ». Ce sont des demandeurs d’asiles qui ont besoin de certificats médicaux, qui ont eu des séquelles physiques et psychologiques. Ce sont des personnes qui peuvent venir d’Afrique mais aussi de Tchétchénie ou encore d’Azerbaïdjan. Ils ont parfois été torturés ou menacés de mort.

 

Avez-vous un ou des souvenirs marquants de cet engagement auprès de MdM ?

J’ai beaucoup de souvenirs (rire)… De temps en temps certains nous invitaient à boire le café avec eux. On s’est toujours sentis bien accueillis, puisqu’il y avait toujours une ou deux familles dans les nouveaux squats, qui nous reconnaissaient.  Cela faisait que quand on arrivait il y avait les enfants qui courraient dans nos bras. Donc ceux qui ne nous connaissaient pas se sentaient plus rassurés, voyant qu’on n’était pas là pour les embêter ou les exploiter. On essayait quand même de garder une certaine distance, une neutralité, pour ne pas tout mélanger, mais on essayait quand même d’être proches d’eux.

Quelle approche avez-vous développé sur le terrain ?

Pour créer des liens, de la confiance, il faut être très régulier. On pouvait y aller toutes les semaines puisque  l’infirmière Geneviève et moi étions à la retraite. On y allait donc tous les jeudis, sauf durant les vacances. On leur disait d’ailleurs toujours « on revient la semaine prochaine ». On leur rappelait aussi leurs rendez-vous et leurs consultations … On a donc réussi à créer une relation assez personnelle : on savait leurs prénoms, ils savaient les nôtres. Ils venaient même nous dire bonjour, que tout allait bien et qu’ils étaient content de pouvoir nous le dire (rire).

On a aussi voulu dépanner les gens avec des médicaments. On sait bien que notre but était de ramener les personnes dans le droit commun par l’intermédiaire du CASO, mais quand j’étais face aux personnes je pensais que c’était comme cela qu’il fallait faire. Parce qu’on avait beau leur donner des rendez-vous ou leur dire d’aller au CASO, ils n’y allaient pas. Donc quand il fallait intervenir médicalement, pour prévenir certaines aggravations des états de santé (tétanos, otite,…) on les dépannait avec des médicaments. On n’était pas pour autant des distributeurs de médicaments. Cela a aussi aidé à construire des relations de confiance, puisque petit à petit, avec les années, certaines personnes commençaient à s’autonomiser médicalement et à avoir le réflexe de venir au CASO en cas de problème par exemple.

On a également fait des fiches médicales par familles, pour faciliter le suivi.

Aimeriez-vous utiliser le Raban pour adresser un message aux équipes de MdM ?

Je pense que le travail d’équipe est très important, et très intéressant aussi. Le partage en équipe, le soutien et la supervision sont donc très importants. Partager les questions, les ressentis, …

 

 

Edmond va cependant rester adhérent à MdM. Vous aurez donc peut-être l’opportunité de le croiser dans un futur événement de MdM.

 

 Paru dans le RABAN, le journal interne de la délégation Rhône-Alpes Auvergne.

 

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