“MdM est arrivé il y a quatre ans mais j’ai l’impression que vous êtes là depuis toujours”

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Paata Porchxide, travailleur pair

Photo de Olivier Papegnies

 

Avec Koka, on on s’est dit qu’on défendrait mieux nos droits, qu’on répondrait mieux aux besoins des usagers parce qu’on les connaît. On s’est motivés pour créer New Vector

Je me drogue depuis l’âge de 19 ans. Avant je partageais des seringues et je réutilisais même les seringues que j’utilisais pour ma propre consommation. Depuis que je suis éducateur pair, j’ai changé mes pratiques, je connais les risques. Je sais soigner les abcès et comment injecter pour ne pas en avoir.

Je suis à New Vector depuis 2006. J’étais travailleur social à Newvay, une association de RdR. Avec Koka, on s’est motivés pour créer New Vector, une organisation d’autosupport – faite par des usagers et pour des usagers – car on s’est dit qu’on défendrait mieux nos droits, qu’on répondrait mieux aux besoins des usagers parce qu’on les connaît.

MdM est arrivé il y a quatre ans mais j’ai l’impression que vous êtes là depuis toujours. On ne peut pas imaginer New Vector sans MdM. Ça marche bien. MdM a les mêmes objectifs, la même approche et la même vision de la RdR que nous, les usagers. MdM a des combats similaires comme celle de la décriminalisation. NV suit l’expérience  MdM et améliore ses pratiques. On s’entend bien personnellement. MdM pointe les choses à améliorer et donne les outils pour avancer, progresser.

La force donnée par une association d’autosupport ? Le reflet et le partage.

J’ai l’impression que ce que je peux faire pour moi, je peux le faire pour les autres. Ce dont j’ai besoin, les autres usagers en auront aussi besoin. C’est la logique.

Mon travail, c’est de passer des infos de RdR auprès d’usagers,  de distribuer  du matériel, de les motiver pour qu’ils aillent se faire dépister et de les référer dans différentes structures s’ils en ont besoin. J’accompagne aussi les usagers dans le cadre du programme MdM contre l’Hépatite C. Je les suis à chaque étape du traitement.

Je suis militant. Je mobilise les usagers pour qu’ils organisent des actions de rue pour défendre la décriminalisation de l’usage de drogues. Je me bats car j’estime qu’aucun usager ne doit être arrêté parce qu’il consomme chez lui. L’État n’a pas à s’occuper des choses qui relèvent de la sphère privée. La position de l’État est contradictoire : ils disent que l’hépatite C et le fait de s’injecter constituent un problème de santé publique mais ils arrêtent les gens et les mettent en prison. Au lieu de les exclure, ils devraient les soutenir.

Savoir des choses dans la théorie et dans la pratique c’est différent

Les gens ont confiance en moi car je les connais depuis longtemps. L’important dans ce métier c’est les contacts : on est proche des gens car on les côtoyait avant notre travail.

L’important c’est aussi l’expérience du terrain. Savoir des choses dans la théorie et dans la pratique c’est différent. Quand on ne fait qu’étudier dans des livres, on ne sait pas forcément bien conseiller. Tu peux mieux transmettre les infos quand tu as toi-même pratiqué et connu les risques. Si je n’avais pas un lien particulier de confiance, je ne pourrais pas faire mon travail efficacement. Ils ne me croiraient pas sur l’efficacité du Programme d’échange de seringues, seraient moins attentifs à certaines de mes recommandations. Je suis comme eux, je peux partager et dialoguer. Nous n’avons pas de soucis personnels car nous nous connaissons et nous nous entendons bien.

Le plus compliqué c’est la patience. Il faut avoir du temps pour répéter les choses et c’est parfois difficile car les usagers ne sont pas toujours  ponctuels, ils peuvent oublier les réunions.

Sans MdM et New Vector, les bénéficiaires n’auraient pas accès à tous ces services du diagnostic à la prise en charge

C’est vraiment important. Sans ces organisations, les usagers ne pourraient pas se faire soigner et avoir des consultations dentaires car ils n’ont pas d’argent. Le programme de traitement contre l’Hépatite C est essentiel aussi car ils vont pouvoir guérir.

A travers les activités d’outreach, les usagers ne manquent jamais de matériels propres et cela limite donc les risques d’infection.

 Propos recueillis par Aurélie Defretin

 

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