L’Etat n’a pas compris que nous ne sommes pas des criminels

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David Kadagidze, 39 ans
Actuellement bénéficiaire du protocole de traitement

Le matin, je retrouve mes amis pour aller au centre de méthadone en voiture.  Je dois y aller tous les jours entre 10 heures et 3 heures de l’après-midi. Le centre est loin de chez nous alors on partage le trajet en voiture : c’est une sorte de rituel durant lequel nous discutons et parlons de notre journée.  Le traitement méthadone s’élève à environ 50 euros par mois : j’ai la chance de ne pas payer grâce à MdM et New Vector qui m’ont aidé dans les démarches administratives et permis d’intégrer le programme gratuit.

J’ai commencé mon traitement méthadone en 2006. Je suis l’un des premiers patients à en avoir bénéficié en Géorgie. Des amis m’en avaient parlé et j’ai décidé de m’inscrire car j’étais tout le temps fatigué. Sans l’héroïne, la vie quotidienne est plus facile et je peux accomplir plus de choses.

J’ai commencé à m’injecter des drogues il y a quinze ans en Bulgarie, alors que je sniffais déjà certains produits. Je voulais savoir ce que ça faisait. Je suis rentré en Géorgie et j’ai continué à prendre de l’héroïne. Après quelques années, j’ai décidé de me mettre à la méthadone.

J’ai entendu parler de New Vector et MdM il y a cinq ans par Irina, une amie travailleuse pair. Ça a changé ma vie. Ils m’ont donné accès à de nombreux services comme le fibroscan, les consultations dentaires, l’échange de seringues. J’ai même participé à l’étude réalisée par MdM en 2012 sur les usagers de drogues en Géorgie.

Je me sens bien au drop-in-center, je me sens en confiance, je m’entends bien avec tout le monde et je me sens utile. C’est pour cela que depuis cinq ans, j’y reviens régulièrement. Petit à petit, je me suis de plus en plus mobilisé et je suis devenu membre de GENPUD, réseau actif et militant. Je participe à des activités de plaidoyer comme participer à des actions de rue pour défendre l’accès aux traitements pour tous et décriminaliser l’usage de drogues en Géorgie. J’assiste à des réunions, des formations et des ateliers durant lesquels j’apprends beaucoup de choses sur les risques liés à l’injection, les MST, l’overdose, mes droits, sur comment se protéger… Ces infos je les transmets moi-même aux gens de mon propre réseau. Grâce aux sessions d’information, je grandis.

Au Drop-in-center, on m’explique tout. Je vois  de mes propres yeux toutes les étapes, je suis consulté à chaque fois. Je suis un acteur à part entière.

Par le passé, j’ai subi beaucoup de discriminations de la part de la police. J’ai été arrêté plusieurs fois. Pour sortir il faut payer et c’est ma famille qui le fait. L’Etat n’a pas compris que nous ne sommes pas des criminels : on a besoin d’être traités pas punis. Je me sens plus en sécurité grâce à MdM, je sais qu’il y a des gens qui me défendent, qui prennent soin de moi.

Je savais que j’avais l’hépatite C avant de connaître MdM. Lors d’un dépistage au Drop-in-center, on me l’a confirmé. Il y a quelques mois, les travailleurs pairs de New Vector et MdM m’ont proposé de participer au protocole de traitement du programme national. J’étais fou de joie car je veux guérir, je veux vivre longtemps et j’ai envie d’être en bonne santé. Grâce à MdM je suis le traitement mais je suis également suivi. Etre accompagné m’aide à prendre le traitement car cela demande beaucoup d’organisation et de régularité.

Je dois prendre le traitement par ribavirine pendant six mois. Au début j’avais commencé le traitement par trithérapie avec l’interféron mais j’ai eu des effets secondaires comme cracher du sang. Quand il a vu ça, mon travailleur pair m’a accompagné chez le médecin puis au centre de tuberculose. Finalement, je n’avais rien de grave mais j’ai arrêté l’interféron car je le supportais mal. Aujourd’hui, le traitement avec la ribavirine se passe bien.

Avant ce traitement, j’étais tout le temps fatigué, je ne faisais rien. Je n’avais pas la force de bouger. Depuis, je me sens en meilleure forme. Maintenant, je peux faire plus d’activités : je me suis mis au jardinage par exemple. J’ai même aménagé la cour de mon immeuble.

Ce traitement me donne de l’espoir. Une fois terminé, je veux aussi arrêter la méthadone. J’aimerais avoir une femme et fonder une famille. Je veux aussi continuer à aider les autres usagers. J’aimerais par exemple travailler au Drop-in-center pour permettre à d’autres de s’en sortir, comme on m’a aidé.

A mes yeux, la RdR ça réduit les risques pour la vie. Grace à la RdR, j’apporte à la vie et la vie m’apporte.

 

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